LES LECOUTRES ET LES ARMOIRIES

Armoiries
et
blasons
Le coutre
sur les armoiries
et dans les blasons
Des armoiries
LE COUTRE
LE COUSTRE
Les armoiries
des
LE COULTRE
Des armoiries
parlantes
pour les LECOUTRES


ARMOIRIES
Les armoiries sont des emblèmes en couleurs, propres à une famille, à une communauté ou, plus rarement, à un individu, et soumis dans leur disposition et dans leur forme à des règles spéciales qui sont celles du blason. Certains caractères distinguent nettement les armoiries des autres emblèmes: servant le plus souvent de signes distinctifs à des familles, à des groupes de personnes unies par les liens du sang, elles sont en général héréditaires; les couleurs qui les composent n'existent qu'en nombre limité; enfin, elles sont presque toujours représentées sur un écu.
Mathieu R. (1946) - Le Système héraldique français. Paris: J.-B. Janin, page 13.

ARMES
Armes est le plus souvent considéré comme un synonyme d'armoiries, mais je l'éviterai ici en raison du doute qu'il peut y avoir sur son sens. On parle ainsi de la science des armoiries, mais dans ce cas on ne peut évidemment pas remplacer armoiries par armes. Notons cependant que certains appellent armoiries l'écu accompagné d'ornements extérieurs, et distinguent donc les armes comme étant seulement la représentation de l'écu.

BLASON
Alors que, en accord avec la définition précédente les armoiries sont une représentation matérielle, visuelle, on devrait en toute rigueur réserver le mot blason à la description technique par le langage des armoiries.
On distingue encore le blasonnement, comme l'action consistant à décrire des armoiries, dans les termes techniques de la science du blason (ou héraldique), et donc à énoncer le blason que celles-ci représentent.
Les puristes considèrent donc comme un abus de langage, sinon comme une erreur, d'appeler blason la représentation matérielle de celui-ci.
Je ne m'aventurerai pas plus avant dans ce débat, mais on peut considérer que la distinction précédente est utile en pratique, même s'il n'est pas prouvé qu'elle a un réel fondement étymologique ou historique.


ARMOIRIES ET BLASONS
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec ces notions, je prendrai comme illustration les armoiries de la Maison de Béthune, celle-ci étant représentée de nos jours par les Princes, Marquis et Comtes de Béthune Hesdigneul.

http://www.maisondebethune.org/armoiries/ (9 février 2019)

Armoiries de la Maison de Béthune
Écu
D'argent à la fasce de gueules, qui est Béthune, accompagnée en chef à dextre d'un écusson de gueules à la bande accompagnée de six billettes rangées en orle, le tout d'or, qui est Saveuse.

Tenants
Deux sauvages de carnation couronnés et ceints de sinople tenant une massue au naturel versée et posée en pal.

Manteau
De gueules doublé d'hermine bordé, frangé, cordonné, houppé d'or, les courtines aux armes de l'écu, sommé d'une couronne de prince d'or à cinq fleurons, à la coiffe de gueules et à un arceau d'or sommé d'un monde d'azur ceintré et croisé d'or.

Bannières
Quatre bannières frangées d'or à la hampe et au fer du même passées en sautoir derrière le manteau, deux à dextre, deux à senestre, alternativement de gueules à la croix d'argent et d'azur plain.

Cri
BETHUNE, d'argent sur un listel de gueules.

Devise
SPES IN DEO NON VANA*, d'argent sur un listel de gueules.

*L'Espérance en Dieu n'est pas vaine.

En accord avec les définitions précédentes, il est utile de distinguer les armoiries - l'image à droite - et le blason - le texte à gauche.
L'écu, au centre, est l'élement le plus significatif des armoiries, dont il est souvent le seul élément. Les autres éléments permettent de mettre l'écu en valeur, notamment les tenants qui paraissent le tenir. Ils servent aussi à donner d'autres informations, comme ici les bannières, le cri, la devise, et éventuellement à figurer des ornements qui correspondaient autrefois à des privilèges, ainsi pour la Maison de Béthune le manteau avec la couronne de prince.
Le blason est rédigé dans un langage qui répond à des règles précises. Pour ma part, je trouve plaisant l'utilisation de termes désuets tels dextre et senestre pour droite et gauche.
Pour ce qui suit il suffira de connaître le code des couleurs utilisé dans les blasons pour les armoiries françaises. Il y a les métaux au nombre de deux, les couleurs au nombre de cinq, et les fourrures au nombre de deux.
Les fourrures sont le VAIR et l'HERMINE. Pour les métaux et les couleurs nous avons la correspondance suivante. Leur signification est celle donnée par de Saint-Allais (1816).

Viton de Saint-Allais N. (1816) - Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, trois volumes. Paris: Valade.

Métaux et leur signification
L'OR, ou jaune - Richesse, force, foi, pureté, constance
L'ARGENT* - Virginité, chasteté, blancheur, pureté, innocence, humilité

*Qu'on représente au naturel, argent ou blanc.

Couleurs et leur signification
L'AZUR, ou bleu - Douceur, beauté, justice, noblesse, sérénité
Le GUEULES, ou rouge - Générosité, courage, hardiesse, intrépidité
Le SINOPLE, ou vert - Amour, jeunesse, beauté, abondance, liberté, jouissance, exemption, grâce, etc.
Le SABLE, ou noir - Science, modestie, affliction, obscurité
Le POURPRE, ou violet - Dignité, puissance, souveraineté

Pour être complet, il convient d'ajouter que l'on utilise encore s'il y a lieu la couleur de carnation pour les parties du corps humain et la couleur naturelle pour les animaux, arbres, plantes, et fruits (voir les tenants dans les armoiries de la Maison de Béthune).

Il est important de rappeler que les armoiries ne sont pas le privilège de la noblesse. En ce qui concerne les particuliers, le Conseil Français d'Héraldique nous dit que peuvent porter des armoiries

Tous les Français, hommes, femmes et enfants, mariés ou célibataires, laïcs ou religieux, nobles ou roturiers, sous réserve de ne pas usurper celles d'autrui. Si deux familles portent les mêmes armes, c'est celle qui peut démontrer la possession la plus ancienne qui peut les conserver, selon l'adage de l'ancienne coutume: "Qui premier les prend sont siennes".

En France chacun dans est libre d'adopter les armoiries de son choix sous réserve qu'elles ne soient pas déjà portées par d'autres familles.
En ce qui concerne les armoiries anciennes, antérieures au 17ème siècle inclus, celles-ci sont recensées dans L'Armorial général de France conformément à un édit du roi Louis XIV en novembre 1696. Exécuté sous la direction de Charles René d'Hozier, cet armorial a été dressé de 1696 à 1700. Il contient les noms d'environ 120 000 personnes. Malgré ses défauts qui ont soulevé de nombreuses critiques, il constitue une référence unique en son genre.
C'était en fait un impôt déguisé puique chaque enregistrement d'armoiries était soumis à une redevance de 20 livres. Wikipédia fournit une présentation objective et donne utilement des liens directs vers le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France pour chacun des 35 volumes numérisés d'armoiries dessinées.

Wikipédia: Armorial général de France

Un autre référence utile est le site "Tout sur l'heraldique, les blasons et les armoiries" qui fournit (entre autres) une liste nominative, avec les liens, pour toutes les armoiries de ces 35 volumes.

Recherche nominative des armoiries

On notera que les armoiries des 35 volumes précédents ne contiennent pas la description des armoiries (le blasonnement). Les blasons sont donnés par d'autres registres, eux aussi numérisés.

Enfin, on trouvera sur le site L'ARMORIAL des villes et villages de France une documentation complète sur les blasons et armoiries des départements et des communes.

L'ARMORIAL des villes et villages de France


Armoiries
et
blasons
Des armoiries
LE COUTRE
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des
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LE COUTRE SUR LES ARMOIRIES
ET DANS LES BLASONS

Les LECOUTRES ne peuvent que se réjouir du fait que le coutre, en tant que fer de charrue (voir la rubrique ETYMOLOGIE), est représenté dans un nombre relativement important d'armoiries, surtout en ce qui concerne les communes. Cette représentation s'explique généralement par le désir de mettre en valeur la vocation agricole.
On trouvera un article très intéressant sur La charrue en héraldique par Marc Sinniger sur le site internet http://heraldie.blogspot.com/2013/01/la-charrue-en-heraldique.html. Ainsi que le rappelle l'auteur:

Dans la pensée primitive, la charrue signifie à la fois labourer et féconder. C'est donc un symbole de fertilisation. C'est également un symbole phallique car le soc est comme un membre viril qui pénètre le sillon, symbole de l'organe féminin. Ainsi, passer la charrue sur la terre, c'est unir l'homme et la femme, le ciel et la terre, et la moisson, associée à la naissance, est le fruit de cette union. La charrue est aussi le symbole de la réinitialisation, du recommencement: la terre est retournée, prête pour un nouveau cycle. Chez les Celtes, l'ouverture du sillon symbolise le commencement du monde. La bêche participe du même symbolisme. Comme la plupart des outils tranchants, elle représente l'action du principe mâle sur la matière passive, donc femelle (passive au sens de réceptacle).

On remarquera que c'est le coutre, situé en avant du soc, qui ouvre le sillon et qui donc, selon les Celtes, symbolise le mieux le commencement du monde. Ceci est parfaitement illustré par cette charrue, représentée dans la chapelle Sainte-Marie-du-Ménez-Hom de la commune de Plomodiern dans le Finistère, qui est l'œuvre du Maître de Pleyben, vers 1575.

C'est la charrue entière qui est le plus souvent représentée dans les armoiries. Dans la majorité des cas cette charrue comporte un coutre qui est donc visible, mais qui cependant n'apparaît pas explicitement dans le blason, celui-ci ne mentionnant que le mot charrue. Je donnerai seulement ici pour illustration la commune de Montville en Seine-Maritime.
Montville (Seine-Maritime)
Coupé: Au 1er d'azur à la roue dentée d'argent
accostée de deux navettes de tisserand du même posées en pal,
au 2nd de gueules à la charrue d'argent;
à la divise ondée d'argent brochant sur la partition
Certaines armoiries ne représentent que le soc. Mais d'autres représentent le coutre lui-même, éventuellement même si cela est plus rare en association avec le soc, c'est notamment le cas de plusieurs communes d'Alsace. Le coutre est alors explicitement mentionné dans le blason. Ce sont donc ces armoiries de ces communes que je considérerai plus particulièrement ici.
Je donnerai également quelques exemples, l'un contemporain, les autres anciens, de familles ou individus ayant des coutres, certains même plusieurs, dans leurs blasons.

COMMUNES
Baldenheim (Bas-Rhin)
De gueules au coutre d'argent
Bettwiller (Bas-Rhin)
De gueules au soc de charrue d'argent posé en pal
et senestré d'un coutre du même
Bœsenbiesen (Bas-Rhin)
De sinople au coutre d'argent
Charantonnay (Isère)
D'or à la demie roue de sainte Catherine d'azur,
les pointes et le moyeu de gueules, faillie à senestre,
senestrée d'un dauphin d'azur, barbé, crêté,
oreillé lorré et peautré de gueules;
au coutre de sable (d'azur/de sinople) posé en pal
et brochant en cœur sur la roue;
au comble de sable nuagé de deux pièces
et chargé de l'inscription "CHARANTONNAY" en lettres d'or
Guewenheim (Haut-Rhin)
Écartelé: Au 1er d'argent au lion de sable lampassé de gueules,
au 2nd de gueules au soc de charrue d'or en pal au coutre
de même en bande les deux pointes se touchant en chef,
au 3ème de gueules aux deux bars adossés d'or,
au 4ème d'argent à la balance potencée de gueules,
le balancier posé en barre
Illkirch-Graffenstaden (Bas-Rhin)
Parti: Au 1er d'argent au coutre de sable en pal la pointe haute,
au 2e de gueules à la gaffe de batelier d'argent posée en pal
la griffe vers la pointe
Ostheim (Haut-Rhin)
D'or à la ramure de cerf de gueules en pal,
sur un mont de trois coupeaux de sinople duquel sont mouvants
un soc de charrue de sable à dextre et un coutre de même à senestre,
et deux lettres majuscules O et S, aussi de sable, posées en chef,
l'une à dextre et l'autre à senestre

FAMILLES ET INDIVIDUS
Famille SOURIAU-SOURIOU - Vendômois
Coupé: De gueules à un soc de charrue d'argent
côtoyé de deux coutres affrontés du même,
au second d'argent à une roue à aubes de gueules;
à la filière d'or




Il s'agit ici de blason et armoiries contemporains
exécutés par un héraldiste de métier,
à l'aide des renseignements fournis sur l'histoire de cette famille.


https://gw.geneanet.org/oscarlima45?lang=en&m=NOTES#a_24 (9 février 2019)

Famille ROLA - Pologne
De gueules à la rose d'argent,
environnée en gyronnant de trois coustres de charrue


Encore une coïncidence étonnante, c'est dans le livre de Jean Le Laboureur
(1667, deuxième partie, page 92), que se trouve ce blason aux trois coutres
(qui se disait aussi coustre à l'époque).

Le Laboureur J. (1667) - Relation du voyage de la royne de Pologne et du retour de Madame la Maréschalle de Guebriant, Ambassadrice Extraordinaire, & Sur-Intendante de sa conduitte. Paris: Veuve Jean Camusat et Pierre Le Petit.

LE ROY DE NEUFVILLETTE, conseiller du Roi - Normandie
D'azur au fer de charrue d'argent et au coutre d'or passés en sautoir
et cantonnés de 4 étoiles d'argent


Je n'ai pu retrouver la référence de ce blason que j'avais noté.
François DE SORNY, Monlibault, élection de Château-Thierry (Aisne)
De gueules à trois coustres d'argent

Encore un blason aux trois coutres.

Sandret M.L., directeur de publication (1874) - Enquête de 1666 sur la Noblesse de la généralité de Soissons. Revue historique nobiliaire et biographique, nouvelle série, tome 9, page 77


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et
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Le coutre
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et dans les blasons
Les armoiries
des
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Des armoiries
parlantes
pour les LECOUTRES

DES ARMOIRIES
LE COUTRE - LE COUSTRE

LE COUTRE Edme Roger, curé*
D'azur à la rose d'or


Armorial général de France, Volume 25, Paris 3ème partie, page 264.


*Selon le site Euraldic, il a été curé de Vaux et Penil
(Vaux-le-Pénil est une commune de Seine-et-Marne).


LE COUSTRE Charles, ecuier, sieur de la Fauville - Normandie
De gueules à trois molettes d'argent


Armorial général de France, Volume 21, Normandie (Rouen), page 285.


Dans Saint-Allais (1874), on trouve pour ce même blason
De gueules à trois molettes d'éperon d'argent
"LE COUSTRE [sans indication de prénom], seigneur de la Bourville,
élection de Caudebec, maintenu le 12 novembre 1670"

Viton de Saint-Allais N. (1874) - Nobiliaire universel de France: ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, Volume 6. Paris: Bachelin-Deflorenne, page 74.

LE COUSTRE Pierre, avocat au parlement de Rouen - Normandie
D'argent à un aigle aux deux têtes de sable


Armorial général de France, Volume 21, Normandie (Rouen), page 443.
DE COUSTRE Martin François, escuier, seigneur de Saint-Argy - Champagne
De gueules à un chevron d'hermines


Armorial général de France, Volume 10, Champagne, page 5.


Pour être complet, je mentionne ici ce DE COUSTRE,
mais ce patronyme vient sans doute d'une terre appelée coustre
et a donc vraisemblablement une étymologie différente.

Pour cette dernière raison, je ne considère pas ici ceux qui ont pour titre
"Seigneur du Coustre ou du Coutre."

Armoiries
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LES ARMOIRIES DES LE COULTRE
La famille LE COULTRE en Suisse
La famille LE COULTRE, venue de de Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne) pour s'établir en Suisse au 16ème siècle (voir la rubrique LECOULTRE LECOUTRE EN SUISSE), possède ses armoiries.

Roch (1919, page 133) donne celles ci-contre, trouvées en Hollande, à Bodegraven, chez le bourguemestre LE COULTRE.

Il fournit également les deux blasons ci-après, qu'il a trouvés dans l'ouvrage d'Hector Golay, Les familles de la Vallée de Joux, leur origine et leurs armoiries, et provenant de l'office Bonacina à Milan.
Coupé: Au 1er d'argent, à l'arbre arraché de sinople,
accosté de deux tours crénelées de sable,
au 2nd, fascé de gueules et d'azur de quatre pièces


Ce premier blason correspond à la description
de l'écu des armoiries ci-dessus.
Selon Roch l'arbre, ou la branche de coudrier
figurant par ailleurs à la place de celui-ci,
serait en rapport avec une fausse étymologie
de Coultre comme dérivé de coudrier.
Barré d'or et de gueules de six pièces
au lévrier d'argent colleté de même, issant de la pointe



Ce second blason est donné par Golay
comme étant plus spécialement
celui de Joseph LE COULTRE,
établi au Bas des Mines (Solliat, Vallée de Joux).
Selon Roch le lévrier ferait allusion
à l'étymologie (non démontrée) du Chenit
(le village d'origine des LE COULTRE en Suisse)
comme dérivé de chenil.

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DES ARMOIRIES PARLANTES
POUR LES LECOUTRES

Dans l'Armorial général de France on ne trouve pas d'armoiries pour LECOUTRE ou LECOUSTRE dans le Pas-de-Calais.
Mais j'ai gardé le meilleur pour la fin. Unissant les deux sections précédentes "LE COUTRE SUR LES ARMOIRIES ET DANS LES BLASONS" et "DES ARMOIRIES LE COUTRE - LE COUSTRE", Flour LE COUSTRE, que l'on trouve au 16ème siècle dans l'actuel Pas-de-Calais, aurait eu un coustre sur ses armoiries qui se blasonnaient "de sable au coustre d'argent".
Je reviendrai plus loin sur ce Flour LE COUSTRE, ainsi que sur la référence de ce blason et sur sa représentation.
LE COUSTRE Flour - Boulonnais
De sable au coustre d'argent


Pour le moment, en supposant que ce fût un coutre de charrue
(la forme coustre était aussi utilisée),
et en adoptant la représentation contemporaine
la plus utilisée dans les armoiries communales,
cela donnerait l'écu ci-contre.
On dit que de telles armoiries sont parlantes. On peut les voir comme une sorte de rébus qui donne le patronyme de celui qui les porte. Ici nous avons la forme la plus simple avec un seule image, qui est ici une homonymie donnant directement le nom LE COUSTRE.

Michel Pastoureau (2008), qui considère les armoiries parlantes comme "une véritable écriture en images", en donne la définition suivante:

Grossièrement on peut dire que sont "parlantes" les armoiries dans lesquelles le nom de certains éléments – le plus souvent celui de la figure principale – forme un jeu de mots ou établit une relation de sonorité avec le nom du possesseur de l'armoirie (page 188).

Il considère que

les armoiries parlantes ne sont ni moins anciennes, ni moins honorables, ni moins héraldiques que les autres (page 190).

Sur l'ensemble des armoiries médiévales publiées à ce jour, au moins 20 % peuvent être reconnues comme parlantes, à un titre ou à un autre. (page 193).

Pastoureau M. (2008) - Une écriture en images: Les armoiries parlantes. Extrême-Orient, Extrême-Occident, 30, 187-198.

La relation entre les armoiries et le patronyme peut être seulement allusive, ou encore être basée sur des mots disparus par la suite; dans ces cas, elle peut ne plus être comprise de nos jours.
Notons encore que les anglais appellent les armoiries parlantes de manière poétique canting arms (armoiries chantantes).

QUELQUES ARMOIRIES PARLANTES AMUSANTES
Joseph CAMBE
prêtre


Cambe était une forme du mot jambe dans certaines régions.


Armorial général de France
Volume 25 Paris 3, page 321.
Jaque CHAPU
prêtre prieur curé de la paroisse de Noulouv


Armorial général de France
Volume 20 Normandie 2, page 459.
Nicolas GAUCHER
prêtre


Armorial général de France
Volume 25 Paris 3, page 321.
François GIGOT
prêtre


Armorial général de France
Volume 25 Paris 3, page 320.
Pierre GIGOT
avocat à Desize


Armorial général de France
Volume 4 Bourbonnais, page 274.
César François DE MONTREUIL
prêtre


Armorial général de France
Volume 25 Paris 3, page 321.
N. VACHER
prêtre


Armorial général de France
Volume 25 Paris 3, page 320.
Il se trouve qu'en cherchant des armoiries amusantes et en partant du patronyme GIGOT (je n'en ai pas trouvé pour CORNICHON), les premières armoiries que j'ai trouvées sont essentiellement celles de prêtres.
Dans la mesure où la somme demandée pour figurer dans l'armorial était assez considérable pour un simple prêtre on peut penser que cela n'est pas fortuit et que ces prêtres avaient de bonne raisons pour dépenser cette somme.
On peut faire l'hypothèse que cette sorte d'auto-dérision qu'ils affichaient avec un blason tel que "d'argent à un gigot de gueules" leur permettait d'ironiser sur la fatuité de certaines familles et leur montrer le chemin de l'humilité. Mais si tel aurait pu être le rôle de ces armoiries, il ne semble pas qu'elles aient eu un effet. Ainsi Pastoureau (2008) remarque:

quelques grandes familles françaises, espagnoles ou italiennes cherchent à dissimuler l'origine parlante de leurs figures héraldiques et inventent des légendes héroïques pour en expliquer la genèse et la signification (page 193).

Les exemples suivants, dont deux concernent des personnages célèbres, montrent que, sans aller jusque là, les armoiries parlantes étaient utilisées pour satisfaire leur vanité.

DES ARMOIRIES PARLANTES VALORISANTES
Jacques COCHON
se valorise en mettant un sanglier, animal plus noble que le cochon, sur ses armoiries.


Armorial général de France
Volume 28 Poitiers 2, page 786.
Jean-Baptiste COLBERT
pour sa part a des armoiries parlantes simples avec une seule image
D'or à une couleuvre ondoyante, en pal d'azur
Son nom COLBERT est vraisemblablement d'origine germanique,
mais il utilise un jeu de mot savant faisant appel au latin,
dans lequel couleuvre se dit coluber, soit Colbert avec un à peu-près.


Armorial général de France
Volume 35 Versailles, page 55.
Jean RACINE
n'a pas jugé digne de lui le blason de sa famille qui est
D'azur au rat et au cygne d'argent
un rébus avec également un à peu près: RAT CYGNE
Il a donc supprimé le rat, indigne de lui, et a conservé seulement le cygne.


Armorial général de France
Volume 24 Paris 2, page 1251.
Pastoureau note qu'au contraire

les familles comtales allemandes ou autrichiennes n’ont aucunement honte de leurs emblèmes parlants et sont fières de souligner le lien qui unit le nom et la figure. Ce lien n’est aucunement perçu comme dévalorisant (page 197).

Ceci est illustré dans l'exemple suivant
Berthold VON HENNEBERG - Archevêque de Mayence
Il est lui aussi ecclésiastique, mais archevêque
et fils de Georges, comte de Henneberg.
Il est fier, comme tous les membres de sa famille,
de montrer une poule perchée sur un mont.

En allemand Poule se dit henne et mont se dit berg.

DES LE COUSTRE DU CÔTÉ D'ALQUINES
Alquines est une commune du Pas-de-Calais située à une trentaine de kilomètres à l'Est de Baincthun où est décédé *Pierre LE COUSTRE, le premier de mes ancêtres identifiés, au 16ème siècle. Alquines est proche de Bournonville, Brunembert, Henneveux, Lottinghen, Nabringhen (où est né mon arrière grand-père), Quesques, Selles, etc., toutes communes où ont vécu des descendants de *Pierre LE COUSTRE

Selon De La Gorgue Rosny (1874), vers 1480 Jean et Jacotin LE COUSTRE sont francs-hommes de Journy, commune voisine d'Alquines, donc y possèdent des terres; peu après en 1520 un autre Pierre LE COUSTRE a des terres à Alquines tenues de l'évéché de Terrouane (qu'on écrit maintenant Thérouanne) (page 432). On notera que la seigneurerie d'Alquines, après le démembrement de l'évéché de Terrouane en 1559, a été dévolue aux évêques de Boulogne (page 28).

Vers 1560 Flour LE COUSTRE épouse Marguerite de NOEUFVILLE (ou NEUFVILLE), fille de Jean, écuyer, seigneur de Noeufville et de Cressonières et de Marguerite d'Ailly (page 432 et de La Chesnaye Des Bois, 1783, tome 13, page 471). Portant le prénom Flour, dérivé du latin Flora, la déesse des fleurs, il était prédestiné à épouser une Marguerite.
NOEUFVILLE est le nom d'un hameau d'un territoire d'Alquines, qui existe toujours sous la dénomination de NEUVILLE (voir sur la carte). On trouve dans l'église d'Alquines une pierre carrée sulptée des armes de la famille de NOEUFVILLE datant de 1654.

Bernard LECOUTRE, qui est le premier a avoir étudié de manière approfondie la généalogie des LECOUTRES du Boulonnais note que Flour LE COUSTRE exploite en 1604 les fiefs de Mademoiselle de Lieussen à Quercamps, commune située à côté du hameau de Neuville, mais ne donne pas de référence.

https://gw.geneanet.org/blecoutre?n=le+coustre&oc=&p=flour (9 février 2019)

Il existe un acte notarié intitulé Vente N° 69 du 1er avril 1642 selon lequel Flour LE COUSTRE a possédé auparavant des terres à Journy:

Pierre QUESERE réfugié en ceste ville; à Pierre DUVAL et Antoinette JOIRES sa femme, de ceste ville; sa part en un prey, dont l'autre partie appartient aus dits DUVAL et sa femme, coe en ayant acquis le droict de Chles QUESERE son frére, scitué à Journy au lieu nommé "les Grands Preys", tenant aux hers Oudart DOMIN, aux hers Flour LECOUSTRE, à la rue du Zart.


C'est de La Chesnaye Des Bois qui nous révèle le blason de Flour LE COUSTRE présenté plus haut:

"Flour LE COUSTRE, dont les armes sont: de sable au Coustre d'argent."

Cette information, retrouvée sur un forum de généalogie, figure dans le Manuscrit DENEUVILLE de 1779, conservé aux archives départementales du Pas-de-Calais, cote AD-62: 15 J 143(10).

UN BLASON POUR LES LECOUTRES
Ces LE COUSTRE d'Alquines occupent une position centrale vis-à-vis des différentes familles LECOUTRE et LECOUSTRE du Pas-de-Calais. On ne leur connaît pas de descendants.
Ils ont vraisemblablement constitué une branche à part, et pourraient être des descendants d'un coustre (custos) de la cathédrale de Thérouanne détruite par Charles Quint en 1553, puisque nous avons vu que l'un d'eux avait des terres tenues de l'évéché de cette ville.
S'ils ont un lien avec d'autres LE COUSTRE, ce serait plus vraisemblablement avec ceux du Boulonnais, puisque, au 16ème siècle la seigneurerie d'Alquines a été dévolue aux évêques de Boulogne.

Flour LE COUSTRE a-t-il réellement eu ce blason de sable au coustre d'argent? On sait que de La Chesnaye Des Bois a parfois embelli l'histoire de certaines familles, moyennant rétribution, et que certains auteurs ont aussi imaginé des armoiries, surtout parlantes, quand ils ne connaissaient pas les véritables.

Peu importe, car la simplicité de ce blason, alliée au jeu de mot de l'homonymie entre le coustre-custos et le coustre-culter (voir la rubrique étymologie), correspondent parfaitement à l'histoire de ma famille. Il m'apparaît donc raisonnable d'adopter les armoiries parlantes de Flour LE COUSTRE pour celle-ci, c'est-à-dire en l'état actuel des connaissances les descendants de *Pierre LE COUSTRE, qui portent maintenant le patronyme LECOUTRE.

De nos jours coutre a remplacé coustre et cela donne donc le blason

De sable au coutre d'argent.

Les significations de la couleur - science, modestie, notamment pour le sable (noir) - et du métal - pureté, humilité, notamment pour l'argent - me paraissent également traduire les valeurs des descendants de *Pierre LE COUSTRE.

DES ARMOIRIES POUR LES LECOUTRES
Il s'agit maintenant d'adopter une représentation pour ce blason. J'imagine difficilement que son coutre puisse ne pas être un coutre de charrue. Flour LE COUSTRE a possédé et exploité des terres et *Pierre LE COUSTRE est un laboureur.
La représentation esquissée précédemment évoque trop pour moi un couteau, donc la possibilité d'une connotation potentiellement belliqueuse.
Il n'est pas non plus satisfaisant de représenter le coutre la pointe vers le haut, car on perd l'image de l'ouverture du sillon et sa symbolique.
Le coutre de charrue prend maintenant des formes très diverses. A l'origine l'objectif principal était qu'il rentrât le plus facilement possible dans le sol, mais la mécanisation et la puissance des tracteurs a évidemment modifié les critères. Il existe même des coutres en forme de disque.
Voici, en plus de deux utilisés dans les armoiries présentées précédemment, quatre modèles qui sont proposés à la vente.
         
LES ARMOIRIES DES LECOUTRES

C'est le coutre ci-contre, à l'aspect à la fois rustique et contemporain,
que je retiendrai, en l'inclinant légèrement
pour suggérer la symbolique de l'ouverture du sillon.

De sable au coutre d'argent
Je partagerai volontiers ces armoiries avec tous ceux dont le nom est homonyme de coutre ou de coustre - LECOUTRE, LECOUSTRE, LESCOUTRE, etc. - qui le souhaiteraient. Les LECOULTRE ont pour leur part leur propres armoiries.

LES GRANDES ARMOIRIES DES LECOUTRES
Les "grandes armoiries des LECOUTRES" seront obtenues en complétant l'écu précédent. Naturellement, point de tenants (ni d'aboutissants), de lions, d'ors, de gueules, d'hermines, etc., ni même de lambel, de listel, etc.
Par contre il faut aux LECOUTRES une DEVISE et un CRI qui leur soient propres.



LA DEVISE DES LECOUTRES

C'est, parmi les textes qui nous sont parvenus, la Chronique rimée de Philippe Mouskés datant du 13ème siècle qui semble donner écrite pour la première fois la forme "le coutre":

Chronique rimée de Philippe Mouskés (13ème siècle). Publiée pour la première fois avec des préliminaires, un commentaire et des appendices par le baron de Reiffenberg, 1838, Tome II. Bruxelles: M. Hayez, Collection de chroniques belges inédites publiée par ordre du gouvernement, page 620.

Comme le précise une note dans le livre cité ci-dessus, le coutre est ici employé dans le sens du mot latin custos - gardien, celui qui veille - qui correspond à l'étymologie du nom propre LE COUSTRE devenu ensuite pour ma famille LE COUTRE. Voir la rubrique ÉTYMOLOGIE pour plus d'informations.

C'est ce vers 29235

PEU VAUT L'AFAIRES SANS LE COUTRE

qui s'impose tout naturellement comme la DEVISE des LECOUTRES.



LE CRI DES LECOUTRES

Il ne s'agit bien entendu pas d'un "cri de guerre", mais on pensera notamment au cri qu'aurait pu pousser l'abbé Paul LECOUTRE chaque jour où il se remettait inlassablement à l'ouvrage pour décorer l'église de Wirwignes.

C'est une anecdote qui est à l'origine du choix de ce cri. On raconte encore de nos jours à propos de Noël LECOUTRE, agriculteur descendant de *Pierre LE COUSTRE, né le 25 décembre (!) 1900 à Samer, qu'au début des années 1960, alors qu'il est candidat à une élection à Hesdin-L'Abbé, sa petite fille Mireille, agée d'une dizaine d'années crie dans la rue "coute que coute votez Lecoutre". Noël en a été très faché!

C'est

Coutre que coutre

qui ici encore s'impose tout naturellement comme le CRI des LECOUTRES.

Les grandes armoiries des LECOUTRES
sont obtenues en ajoutant à l'écu précédent
la DEVISE et le CRI des LECOUTRES.
Selon les règles des armoiries la DEVISE et le CRI
sont respectivement au dessous et au dessus du blason.

Écu
De sable au coutre d'argent

Cri
Coutre que coutre

Devise
PEU VAUT L'AFAIRES SANS LE COUTRE

   


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